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Immobilier de luxe: le Brexit va-t-il faire monter les prix à Paris ?

Les Français sont en train de reprendre possession du  marché immobilier haut-de-gamme dans leur pays. Qu’il s’agisse de Français résidant dans l’Hexagone ou à l’étranger, ils sont très nombreux à acheter depuis début 2018. Et le retour des Français de Londres, suite au Brexit, n’y est pas étranger.

 

« Les Français revenant de Londres représentent jusqu’à 6 à 7 % de nos ventes depuis janvier, pour certaines de nos agences, notamment dans le 16e arrondissement et sur la rive gauche », souligne Charles-Marie Jottras, président du groupe Féau. Même constat dans l’agence Vaneau, qui a réalisé 6 ventes de ce type depuis janvier et une quinzaine dans le réseau Engel & Völkers depuis 2017.

 

Encore léger, ce phénomène devrait s’intensifier pour devenir vraiment significatif en 2019, s’accordent à dire la plupart des réseaux d’agences de luxe. Beaucoup de Français de Londres seraient encore dans la phase où ils préparent leur retour. « Il y a un intérêt certain des Français vivant à Londres pour le marché immobilier parisien en conséquence des incertitudes liées au Brexit » analyse Sébastien Kuperfis, directeur général de Junot. Mais, selon lui « ces expatriés prennent leur temps dans leurs recherches et attendent les résultats concrets du Brexit pour finaliser leur décision d’achat et s’installer à Paris ».

 

Accélération en 2019-2020

Un constat que partage Alexis Caquet, directeur du réseau Vaneau, pour qui beaucoup de Français habitant Londres commencent à acheter des biens en France, mais ne déménagent pas encore forcément. « Après une première étape d’observation et de prise de renseignements en 2017, nous arrivons aujourd’hui à la deuxième étape du processus de retour », indique-t-il. « Ce sont des achats en prévision d’un retour d’ici 1-2 ans. En attendant ils vont louer leur bien pour une période courte. A partir de 2019, nous aurons une augmentation du flux de retours avec des achats et déménagements beaucoup plus nombreux », poursuit-t-il. C’est ce qu’envisage également la International School of Paris, une école internationale localisée dans la capitale, de plus en plus sollicitée. Pour sa direction, « la vraie vague de déplacements des Français de Londres aurait lieu plutôt à la rentrée 2019-2020 ».

 

Ceux qui se préparent à acheter

Les agences haut-de-gamme comptabilisent ainsi beaucoup de Français de Londres qui recherchent activement un logement sans l’avoir encore acheté. « Près de 60 clients en recherche très active ou en cours d’acquisition sont suivis par nos conseillers » assure Emmanuel Reinert, directeur commercial du réseau Engel&Völkers. Même constat chez Junot, qui compte plus de 80 clients français vivant à Londres en portefeuille actif, en majorité pour installer leur résidence principale à Paris.

 

Pénurie renforcée de l’offre

Il est indéniable que ce phénomène de retour de Français de Londres a un  impact sur le marché . « Il a notamment pour effet d’augmenter le déséquilibre du marché pour les appartements familiaux entre 1,3 et 2 millions d’euros, pour lequel la demande est très forte alors que l’offre reste extrêmement réduite », précise Charles-Marie Jottras.

 

Même si l’impact sur les prix n’est pas encore vraiment mesurable, compte tenu du flux de retour qui reste encore modeste. En revanche l’intensification de la vague de retour des Français de Londres dès 2019 pourrait orienter les prix du marché parisien à la hausse. Pour Laurent Demeure, président de Coldwell Banker, « ils ont un pouvoir d’achat immobilier et un train de vie supérieurs aux nationaux et peuvent se positionner sans négocier sur de grands appartements familiaux », affirme-t-il.

 

Quels quartiers ?

La plupart de ces Français de Londres ciblent Paris, qu’ils connaissent bien, pour en être souvent originaires. Il ont donc une idée précise de ce qu’ils recherchent. « Pour la grande majorité d’entre eux, c’est l’hypercentre qui est visé (arrondissement 1 à 6) et un petit tiers dans le 16ème », selon le réseau Engel et Volkers.

 

Même constat chez Vaneau, chez qui l’ensemble des quartiers huppés : 6e, 7e, 16e au-dessus de la Muette, Neuilly sont recherchés. « Dans  les autres secteurs où nous sommes présents tels que le 15e nord ou le 9e, le phénomène est beaucoup moins marqué voire inexistant », précise Alexis Caquet. Pour la province, quelques retours auraient lieu à Bordeaux et à Lyon.

 

Coup de jeune sur le luxe

Les acquéreurs de l’immobilier de luxe sont de plus en plus jeunes en France. En 2018, 71% d’entre eux ont entre 35 et 64 ans. La proportion des plus de 65 ans baisse de manière significative. Ils ne représentent plus que 25 % des acquéreurs, soit 9 points de moins par rapport à 2017.

Ce rajeunissement de la population des acquéreurs d’un bien de prestige se ressent également dans la baisse de leurs revenus annuels. Ainsi les acquéreurs disposant de revenus annuels nets supérieurs à 200.000 euros au sein de leur foyer étaient 27 % en 2017 et passent à 21 % en juin 2018.

C’est ce qui ressort d’une étude Etude Lux-residence.com réalisée en mai 2018 sur un échantillon de 134 futurs acquéreurs premium ayant un projet d’achat d’immobilier de prestige en France d’ici à 2 ans.
 

Recherche d’un pied à terre

Côté budget, « quelques clients ont une recherche inférieure à un million d’euros. Cela correspond à l’achat d’un pied à terre pour une période de transition pour préparer l’achat d’un appartement familial en vue d’une relocalisation définitive », explique Emmanuel Reinert.

 

Un tiers des demandes concernent des demandes entre 1 et 2 millions d’euros mais la très grandes majorité des recherches et des acquisitions se font pour des montants supérieurs à 2 millions pour des appartements familiaux de très grandes qualités voir des hôtels particuliers dans le 16e et à Neuilly, poursuit-il.

 

 Ces Français de Londres sont principalement des cadres et/ou dirigeants issus de la finance, qui recherchent des appartements familiaux 3/4 chambres 150-250 m² « entre 2.5 -3.5 millions d’euros à côté d’une école de renom (Alsacienne, Janson, St-Jean de Passy…). Dans les 6e et 7e arrondissements, les budgets peuvent monter jusqu’à 5-7 millions d’euros », souligne Alexis Caquet.

 

Il explique que dans la grande majorité des cas, ces clients sont financièrement très solides, et font souvent des offres sans conditions suspensives. « Ils sont conscients de la rareté de l’offre et guettent le marché depuis maintenant plusieurs mois. Ils n’hésitent pas à se déplacer immédiatement si un bien intéressant arrive sur le marché », poursuit-il.

 

L’effet Macron

D’autres raisons expliquent également le retour des Français de Londres : « un changement de climat beaucoup plus pro-business  introduit par Emmanuel Macron depuis plus d’un an, notamment en allant dans la direction d’une harmonisation en matière de fiscalité des revenus du capital avec les autres pays concurrents », explicite Charles-Marie Jottras.

 

La fin de l’ISF, les taux bas,  la fin du régime des non-domiciled  [ statut avantageux des résidents non-domiciliés] sont également cités par la plupart des directeurs d’agences immobilières haut-de-gamme. « La hausse de l’attractivité de la France et de Paris arrive au même moment que l’effet Brexit, ce qui accentue ce flux de retour des Français de l’étranger »,  résume Alexis Caquet.

 

Le retour des Français de l’étranger s’amplifie

En 2018, pour les ventes entre 2 et 4 millions d’Euros, 31 % des acquéreurs du réseau Féau sont non-résidents. Parmi ces acquéreurs non-résidents, 59 % sont de nationalité française.
Pour les ventes supérieures à 4 millions d’Euros, la part des acquéreurs non-résidents monte à 61 %, un record. Parmi ces acquéreurs non-résidents, 42 % sont de nationalité française.
 

Hélène Dupuy et Gabriel Mouly

 

Source: Les echos

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